Les ptits

La déclaration de culpabilité collective est ingénieuse. Elle s’applique avec goût dans certains cas, mais pas dans d’autres. Elle frappera toute la famille pauvre, qui n’avait qu’à. Elle touchera la nation entière, qui, désarmée, savait pourtant bien que. Elle condamnera le peuple dans son ensemble, qui priant le même dieu que des criminels, aurait dû. Mais elle épargnera les plus forts, les plus terribles, leurs familles et leurs frontières, qui détourneront les soupçons à coup de surprises médiatiques et militaires. C’est todi les ptits k’on spotche. Et pour se faire, on chausse plus grand, de la botte de fer, pour n’en laisser échapper aucun. Combien sont-ils vraiment à penser qu’un pauvre mort n’est plus malade, ni vieux, ni seul, ni sans emploi, qu’un pauvre mort n’est même plus pauvre ?

Rastoufik vient d’entendre la sanction. Aucun Rastoufik ne sera plus supporté dans les couloirs souterrains menant à la pyramide. Il ne pourra plus rêver. Il ne pourra plus espérer des jours meilleurs. Il restera dans l’ombre des caves du royaume. Rastoufik verse une larme. Il a appris à n’être pas dépensier. Cette larme, bien qu’étrangère, pauvre et seule, fait du bien à la terre dans laquelle un concierge, en secret, fait pousser des chicons.

Laisser un commentaire