Amer

La bêtise se vendait en sachet, et à prix d’or. On passait chez un revendeur agréé et on rentrait vite chez soi, on l’avalait avec un grand verre d’eau. C’était très amer. Pas pour celui ou celle qui ingérait le produit, mais pour les personnes qu’il ou elle allait croiser de près ou de loin dans le futur. Les gens s’en achetaient régulièrement pour augmenter leur taux de bêtise dans le sang. C’était, à l’évidence, la clé du succès. Tout le monde rêvait de rejoindre le cercle des puissants et des quelques puissantes. On se photographiait avec le précieux produit en main. On s’en faisait faire des bracelets, des pendentifs, et pour les plus aisés, des manteaux d’hiver. On s’en injectait dans les lèvres, dans les seins, dans les paupières, dans le lobe frontal. On l’affichait en 20 m² sur des panneaux publicitaires. Et on la jetait par les fenêtres, quand vraiment on frôlait la surdose.

Il y avait plus fou encore. Dans certains bars louches, on proposait des cocktails. L' »Orange Donnie » mélangeait la bêtise avec une bonne dose d’arrogance. Ça donnait des résultats terrifiants. On devenait, pour quelques heures, présidentiable.

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