Le journaliste – Mais, docteur, sommes-nous en train d’assister à la révolte d’intimités meurtries choisissant le mauvais chemin pour rétablir d’une manière discutable, et peut-être temporaire, leur équilibre émotionnel ?
Le docteur – Peut-être. L’absence de prise en charge par le sujet d’une blessure intime a toujours la même conséquence pour le groupe. C’est ce groupe qui va devoir les gérer, ou pire, les supporter. C’est le cas par exemple des personnes qui font usage de la violence en rue pour se « soulager » plutôt que de se soigner. C’est aussi le cas des personnes aux comportements toxiques, ou qui méprisent les autres sans raison, ou qui roulent en SUV (rires). Ce sont des personnes qui devraient se prendre en main, mais ne le font pas.
Ici, la force du phénomène est que la blessure de personnes toxiques dominantes rencontre la blessure de personnes blessées et dominées. La proposition est « Faites du mal avec moi, vous verrez, ça fait du bien ». Et ça marche, dans le sens où beaucoup de gens y croient. Plutôt que prendre soin de ces gens (ce que les précédents n’ont pas vraiment fait non plus), on leur dit que tout est permis pourvu que ce soit pour se soulager. Et le reste du groupe doit gérer ça. En prenant des coups ? C’est une mauvaise solution. Alors, en entendant la blessure du plus grand nombre ? Encore faut-il qu’elle soit exprimée. Parce qu’on est face à des gens qui veulent imiter les dominants : ils méprisent les sentiments et valorisent la force. C’est pour cela que c’est très compliqué.
Le journaliste – Et vous docteur, que faite vous dans votre vie pour faire bouger cela.
Le docteur – Votre temps est écoulé. Ça fera 70 euros.
