Secotine est jugée. Elle n’a pas respecté les règles du comté. Elle est jugée coupable. Secotine l’esclave a tenté de s’échapper, et ça, c’est contraire à la loi. Pour la punir, on lui coupe une main. Voilà Secotine bien avancée, elle qui est de retour dans les champs pour les travaux harassants. Avec une seule main, c’est difficile de tenir la cadence, et impossible de s’éponger le front sans s’arrêter carrément. « Vous manquez de dynamisme » dit le maître entre chaque coup de fouet.

Depuis peu, Secotine est une liberto-terroriste. Elle a tenté de retrouver la liberté alors qu’elle avait été dûment achetée sur les marchés de Monrovia ou de Freetown. C’est mal de s’attaquer à la propriété privée. Secotine est une liberto-terroriste. En s’échappant, elle a gravement endommagé une des clôtures qui délimite le champ. C’est mal de s’attaquer à la propriété privée.

Liberto-terroriste. Ce mot fut inventé par son maître 10 minutes après l’annonce de l’escapade de Secotine. Le maître de Secotine se réjouit du dynamisme du langage qui permet d’inventer de nouveau mot bien utile pour enfermer les gens. Il trouve que les esclaves devraient en prendre de la graine.

Un jour Secotine gifle son maître de la main qui lui reste. On se demande d’où lui vient cette terrible violence. Quand-même. Elle lui a déchaussé deux dents. « Quel dynamisme ! » dit le dentiste du maître de Secotine. Comme le maître manque d’humour, il ira dans la ville voisine pour les prochains soins.

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