Ils sont trois sur la touche avant que ne commence la partie. Ils comparent leurs biceps. Le maigrichon est moqué. Il essaie de faire bonne figure mais la partie est perdue, les deux autres appellent les copains et bientôt toute la bande rit de lui pendant tout le match. Le match est fini. Malgré ses deux goals, le plus fin est frustré. On l’appelle maintenant « la femmelette ». Sur le muret sa petite sœur l’attend. Il vient vers elle, il est l’heure de rentrer. Il jette son sac au sol, juste devant sa sœur. Elle réagit en lui demandant ce qui lui prend. Il la frappe, reprend son sac et part vers la maison. Elle pleure et le suit en reniflant.
Le soir il fait un dessin, assis à la table de la cuisine. Des soldats s’entretuent devant un char d’assaut. Sa mère le félicite. Son père lui demande s’il a fait ses devoirs. La petite, elle, reste dans la chambre. Elle ne dit rien. Ses devoirs elle les a fait pendant le match de foot. Elle n’a pas vu les deux goals de sa femmelette de frère. Elle pense à autre chose. Elle pense au monde qui va changer. Elle pense à cette situation complexe. A quel point il est nécessaire et en même temps difficile d’aimer dans certaines circonstances.
