Yumi était bigleux. Depuis sa plus tendre enfance, il portait des lunettes à quadruple foyers. Tous ses camarades de classe s’étaient moqué de lui, des moqueries au long cours auquel seules les vacances mettaient un terme. Yumi adorait les vacances, seul oasis de tranquillité pour son petit système nerveux encore jeune et frêle. Mais avec le temps, Yumi s’était endurci et il finit par devenir militaire. Il s’engagea d’abord dans l’infanterie, puis dans la marine, pour trouver finalement son bonheur dans l’aviation. Depuis, Yumi détestait les vacances tant il adorait son travail. Il volait, volait, volait et bombardait, bombardait, bombardait. Un fameux jour, comme tous les jours de sa vie, il avait décollé dans l’allégresse. Il avait frôlé les nuages en tenant à l’oeil les points verts, bleus et rouges signalant ses objectifs sur le radar de l’appareil. Malheureusement, ce matin là, pour la première fois de sa vie, Yumi s’était trompé de lunettes. Il avait dans l’urgence emporté celle de Dimitri, le sergent-chef. Yumi était myope et Dimitri était astigmate. Yumi s’était trompé de lunettes et donc se trompa de cible. Il ne bombarda ni une cible militaire, ni une cible civile. Point d’aéroport, pas de maternité. Il bombarda malencontreusement le patriarcat. Mais ignorant son erreur, jamais Yumi ne comprit pourquoi à l’atterrissage, la piste avait été couverte de fleurs. Et par qui ? Et pourquoi plus personne, jamais, n’avait répondu à ses appels. Où était passé l’état-major ?
2030/Yumi
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