« Nous avons perdu notre confort. Nous avons perdu notre rang. Quoi que nous fassions au niveau économique, diplomatique, militaire, c’est la fin d’une époque et cela n’a rien à voir avec un grand remplacement. Qu’on le veuille ou non n’y changera rien. Il nous reste à comprendre tout ce que nous avons à gagner. Oui, nous avons perdu beaucoup de choses, mais nous avons beaucoup à gagner aussi. Des vies plus vivantes, plus aimantes. De merveilleux chantiers sont à portée de la main. Équité sociale. Antiracisme. Antisexisme. Écologie. Nous devons rattraper notre retard et alors, on reviendra nous voir pour ce que nous sommes et non pour ce que nous n’avons plus. Allons ! Soyons ! ».
Le curé releva les yeux. Il n’y avait plus personnes dans l’église. Alors, après avoir vidé le vin de la coupe, il s’essuya la bouche, et partit. Il réessayerait la semaine prochaine. Avant de monter pour une petite sieste, il passa encore un virement avec sa nouvelle application bancaire à reconnaissance faciale. Il devait renouveler son abonnement à un magazine écoféministe péruvien. En prenant l’escalier qui menait à la chambre, il remarqua qu’un des côtés de la banderole s’était décroché du petit balcon. Il y passa pour la raccrocher correctement. En lettre rouge, il y était écrit « Mort au patriarcat ». En s’allongeant sur le lit, il se demanda une fois encore s’il avait choisi la bonne voie. Cette église était si grande, si froide, et le public peu enclin à écouter ses homélies, certes un peu effrayantes. Qu’allait-il devenir si un jour l’église restait totalement vide de croyants ? Il ne servirait à rien d’ouvrir les portes de l’église pour la remplir car plus personne ne venait se réfugier en Europe depuis longtemps. Et puis les bâtiments vident étaient plus nombreux que les maisons occupées dans cette ville. « Peut-être pourrais-je migrer ? » pensa José. Mais depuis le grand retournement, que pensaient les populations locales de l’arrivée massive des gens du Nord ? Comment serait-il accueilli ? Ne valait-il pas mieux se battre ici ?
José s’endormit. Pour lui, quoi qu’il arrive, la sieste était sacrée.
