Dans mon village natal, on a connu la fin de la belle époque. Quand l’Europe comptait encore un peu et que nous devions le payer cher. Nous n’en sommes plus là. Plus personne n’en a rien à faire de nous et de l’occident en général. Nous sommes pauvres et n’avons rien à vendre. Il y a deux bonnes nouvelles. La première, c’est que la douleur de l’orgueil meurtri passe assez vite, en général, dès la première vraie faim. La seconde est que personne ne vient faire la guerre ici. Nous n’avons ni pétrole, ni diamants, ni rien qui puisse intéresser qui que ce soit. Nous faisons pousser des légumes, c’est tout.
La vitesse et la violence de l’écroulement d’un monde sont-elles proportionnelles à son volume d’activité ? En ce qui nous concerne, cela s’est avéré exact. Pourtant, ce matin, le soleil brille et autour de moi, je ne vois que de la joie. La joie est imprévisible.
