2023/Clay

Clay ne dort pas. Il pense à la désolation. Non, à l’acceptation de la désolation.
A la désespérance. Pas au sens de désespoir. Au sens d’absence d’espérance.

Le jour, c’est le déni, se dit-il. La nuit, c’est le moment où la fuite est impossible. C’est le moment de vérité et du rêve en même temps.

Clay a passé la nuit à refaire le monde, et le jour à se faire à lui.
Le jour, il s’y habitue à ce monde aussi rapidement qu’il ne change.
A ce bruit, il s’y habitue.
A cette vitesse.
A cette ligne droite.
A chaque coup de freins, la vérité de la nuit s’invite un peu dans le jour. Clay sent qu’il doit ralentir.

Clay s’est arrêté. Clay est maintenant comme une petite pierre dans une rivière sauvage. Il a besoin de tout son corps pour se maintenir à l’arrêt, pour ne pas rouler avec le courant. Clay doit faire preuve d’inertie. Il est pris dans le flux du monde et autour de lui, on peut voir à quel point son immobilité bouleverse le monde. Clay a déposé sa personne et des gens qui se pressent doivent maintenant l’éviter. Clay est comme une pierre qui oblige la rivière à la contourner et qui la rend folle. L’immobilité de Clay rend le monde fou.

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